Un enfant différemment capable

Témoignage de Gisèle, maman d’un enfant « différemment capable »

Gisèle est la maman d’un enfant « différemment capable ». C’est en tout cas ainsi qu’elle le présente lorsqu’elle en parle. Davy avait 18 ans  lorsqu’elle a entendu parler de la CPA pour la première fois. Depuis, elle a permis à son fils d’être facilité avant de se former elle-même à la CPA. Nous l’avons rencontrée pour recueillir son double témoignage, celui de maman d’un enfant privé de parole et celui  de facilitatrice en formation.

Gisèle, qu’est-ce qui a fait que tu t’es mobilisée directement lorsque tu as entendu parler de la CPA pour la première fois ?

La première fois que j’ai entendu parler de la CPA par une personne qui suivait  la formation en France, cela m’a littéralement fait vibrer. J’ai alors participé à la conférence que Martine Garcin a donnée à Liège et là, j’ai mieux compris en quoi consistait cette approche. À travers les témoignages des personnes facilitées, j’ai vraiment senti qu’il y avait là un moyen pour permettre à Davy de communiquer. La parole chez lui est très limitée. Il ne peut pas exprimer ses émotions, ses douleurs, et je cherchais depuis longtemps un moyen d’expression autre que la parole ou mon regard de maman qui décodait ce que j’observais.

Davy est facilité depuis trois ans maintenant. Est-ce que tu pourrais nous dire ce que cela lui a apporté ?

Tout d’abord,  il y a eu beaucoup de complicité entre Davy  et sa facilitatrice. Il a pu rapidement s’abandonner en toute confiance et en même temps, s’exprimer est devenu un jeu, un moment de plaisir pour lui. Cela lui a permis de sortir de sa coquille. Au niveau énergétique, ce qui correspond à ma manière à moi de capter les choses, j’ai vu Davy s’épanouir. Je dis souvent que chacun de nous est comme une petite étoile et là, j’ai senti que Davy faisait vraiment partie de notre constellation. Il est davantage présent. Ainsi dans les textes, Il dit que son monde, c’est le silence. Avant la CPA, dans le silence, il pouvait se perdre tandis que maintenant dans le silence, il peut se construire. Il est une personne à part entière et il fait partie de la constellation. Il le revendique et le manifeste dans ses CPA. Des portes se sont ouvertes par exemple vers la musique.

Et qu’est-ce que cela a changé pour toi et pour votre famille ?

Voir les étoiles dans les yeux de Davy quand il s’exprime, cela ravive les miennes. J’ai vécu ses premiers textes comme un grand moment de libération et un grand message d’espoir. Avant, je vivais plutôt le chaos à travers les limites auxquelles m’amenaient la médecine ou le regard des gens. Aujourd’hui, j’ai envie de dire que tout est possible. C’est l’ouverture d’une porte avec plein de soleil de l’autre côté et de l’émerveillement. C’est une bouffée d’oxygène. Je comprends mieux Davy et je peux davantage le rejoindre dans son mode de fonctionnement.

Avec son accord, ses textes sont lus par les autres membres de la famille. Davy s’adresse à son père et l’invite à faire tomber ses masques et ses protections pour le rejoindre. Le regard de ses sœurs sur lui a aussi changé. Elles le comprennent mieux. Mais la CPA a eu un impact plus important dans ses rapports avec sa petite sœur. Elle avait construit un mur de glace qui la protégeait  sans doute de toutes les ambivalences qu’elle ressentait à l’égard de son frère, entre envie de l’aider et une certaine rudesse pour le faire grandir. Dans une CPA, Davy l’a remerciée d’avoir compris qu’il voulait grandir tout en disant qu’avec son cœur à lui, il arrivait à faire fondre le mur de glace. Et du coup, sa sœur a été très touchée.  Maintenant il y a de la douceur dans la manière dont elle explique les choses à son frère.

Finalement, la CPA a amené beaucoup plus d’harmonie au sein de la famille.

Tu as donc décidé de suivre la formation à la CPA organisée en Belgique. Qu’est-ce qui t’a motivée à le faire ?

Depuis qu’il a prononcé ses premiers mots vers trois ans, Davy a dit : « t’es qui toi ? ». J’ai commencé à chercher un sens à ce qui nous arrivait. Et cette quête de sens m’a amenée à faire tout un travail sur moi. J’ai donc choisi de faire la formation pour, à mon tour, permettre à d’autres de profiter de cet accompagnement que permet la CPA. Nous vivons à une époque où beaucoup de choses s’ouvrent et la CPA est un moyen direct d’accéder au sens, à la profondeur, à l’essentiel et à l’essence de qui nous sommes vraiment. C’est une façon  « d’accéder à une part de nous que le mental ne peut pas rencontrer » comme le dit si bien F. du groupe de formation.     

Et qu’est-ce que cette formation t’apporte actuellement ?

Pour moi, c’est une mise en lumière de ce qui nous dépasse, de notre âme et c’est venu me toucher dans mon authenticité, comme si je peux laisser tomber le masque. La CPA fait fondre les murs de glace que nous construisons pour nous protéger mais qui nous enferment aussi. Ce que je ressens le plus, c’est que c’est par le cœur que cela se passe, c’est cette dimension du cœur que je découvre de plus en plus et qui permet la véritable rencontre. À travers la formation, je peux me déposer et récolter ce que j’ai semé. La vie est mouvement et j’ai renoué avec une joie intérieure profonde. J’ai aussi pu sortir de la culpabilité pour la transformer en liberté. La CPA, c’est une ouverture à l’illimité où tout est possible. La formation me donne également un cadre éthique, une déontologie. En me posant, en étant plus dans le présent et le lâcher prise, je me connecte davantage à mes capacités extrasensorielles que j’ai toujours eues mais que je ne gardais pas ou que je n’arrivais pas à développer davantage faute d’un ancrage suffisant. Je suis plus stable, comme une montagne, avec la puissance que cette stabilité peut dégager. De petit caillou, je suis devenu montagne. La formation, c’est comme une prise de terre qui me permet d’aller plus loin dans les étoiles. Ce sont des choses que je savais en théorie mais là, je les expérimente pendant la formation. Et puis, je suis beaucoup plus dans le moment présent et je m’y entraîne en permanence. Je vis les choses beaucoup plus intérieurement et dans la profondeur. La formation a des effets jusque dans ma vie quotidienne.

Tu voulais terminer cette rencontre par un message que tu adresses aux parents qui ont un enfant que toi tu désignes comme « différemment capable ».

Oui, et c’est un message d’espoir. À travers sa question « t’es qui toi ? », mon enfant « différemment capable » m’a amené à ne plus voir de différence entre lui et les autres. Je ne vis plus mon enfant comme différent des autres et pour rien au monde, je ne regrette pas d’avoir eu ce ticket pour ce voyage et  j’en suis même heureuse. Ce voyage est une exploration de soi vers soi et ensuite vers l’autre, sur le plan de la relation et de la communication . Pour moi, il n’y a rien de plus beau que cette petite étincelle au fond de notre être qui se ravive, qui grandit, pétille et nous met des étoiles plein les yeux. Et quand je vois ces étoiles chez quelqu’un, il ravive et rallume la mienne. Et c’est chez Davy que ces étoiles sont les plus visibles : ses yeux pétillent, son visage se transforme, quelque chose se dépose. Toutes nos étoiles forment une constellation de famille qui a la forme d’un cœur. C’est ainsi que je nous vois.